William bolts to COUNT OSTERMAN

Trieste le 27 Decembre 1782

A Son Excellence Monsieur
Le Comte d'Osterman

     Monsieur,

     Je prends la liberté de soumettre à la protection de Votre Excellence, une Proposition que J'ai l'honneur de faire à Sa Majesté Imperiale de Toutes les Russies; dont l'execution non seulement ferá honneur à son Auguste Pavillon, et à la gloire de son nom, deja si respecté par tout le Globe; mais fera naître des branches nouvelles d'un commerce immense et lucratif, à faveur de ses sujets. C'est avec la permission de mon Souverain Sa Majesté l'Empereur que J'ai l'honneur de luy presenter ce Plan, comme Votre Excellence sera informée par les lettres que la Chancellerie d'Etat à Vienne a fait passer au Ministre Plenipotentiare à St Petersbourg: tant à l'egard de mon Plan que de ma personne.

     Sur ce dernier sujet, s'il m'est permis de dire un mot à Votre Excellence, et qu'elle m'en pardonnerá l'egoïsme, J'aura l'honneur de l'informer que J'ai été plusieurs ans en service de la Compagnie Anglaise des Indes Orientales. Je suis arrivé, l'année 1760, dans le Bengale, ou J'ai été employé plusieurs ans dans tous les departements de la comptabilité; du Commerce; de la Jurisprudence; de la Finance; et de la Politique. Pendant mon sejour en Asie, avec des grands avantages que me donnoit la connaissance des langues Indiennes, J'y ai fait, pendant plusieurs ans, le plus grand commerce, tant interieur que maritime, par toute l'Inde et en Chine, que peut etre aucun seul individu Européen y avoit jamais fait: et Je suis bien connu en Angleterre par un Ouvrage entitulé Considerations on India-Affairs , que J'y ai publié en 1771. Pour les six dernieres années que Je viens d'employer actuellement au service de Sa Majesté l'Empereur en qualité de Lieutenant Colonel, J'ai commandé le Vaisseau Autrichien le Giuseppe & Teresa aux Indes Orientales: on chargé en meme temps, des Pleinpourvoirs de Feu Sa Majesté Imper. & Royale Apost: pour traité avec les Prince et Souverains de ces Pays, J'ai etabli plusieurs Factories pour entretenir le Commerce Autrichien que Je viens de faire renaitre en Asie, en vertu d'un Octroy que Sa dite Majesté m'accordá le 5 Juin 1775.

     La sagesse et les grandes connoissances de Votre Excellence luy feront d'abord saisir l'importance de cette expedition que J'ai proposée de faire sous pavillon Russe par le Cap Horn à la Côte du Nord-Ouest de l'Amerique Septentrionale. De sa bonne reussite naitront immediatement des liaisons de commerce les plus avantageuses et les plus vastes entre la Presqu'Isle de Kamtschatka, toutes les Côtes de l'Asie, de l'Amerique et meme de l'Afrique Orientale; ainsy qu'avec toutes les Isles intermediares qui se trouvent entre ces vastes Continents.

     Il y a une circonstance que Je n'ai point touché dans le Plan, laquelle cependent, si elle se realisoit, seroit de la derniere importance, et ajouteroit une valeur infinie à la possession de la partie en question, encore non reclamée ni par aucune Nation Européenne de la Côte du Nord-Ouest de l'Amerique Septentrionale que Je propose à Sa Majesté L'Imperatrice d'ajouter à sa Monarchie. Je veux dire la decouverte de la communication encore fortement soupçonné exister entre la Baye de Hudson et la mer pacifique: si ce passage se trouvoit dans les parages dont Sa Majesté prenderoit possession.

     Les Observations suivantes sont aussy dignes de la consideration de Votre Excellence. Parmy les Isles intermediaires dans la mer pacifique il y en a quelques unes tres propres pour les plantations de Sucre: et tres favorablement situées pour fournir aux Russes, les moyens de se procurer cet objet important de la premiere main. Les articles d'exportation requis pour le commerce proposé dans ces contrées peuvent aussy, tous etre fournis de la Russie, à beaucoups meilleur marché que Je n'aie été obligé de payer pour ceux que J'ai actuellement rassemblés dans ce port de Trieste pour cette expedition. Les Officiers tres expérimentés que J'ai engagés pour cette entreprise, se trouve aussy actuellement icy, qui ont fait le même voyage avec le feu Capitaine Cooke, dans son derniere expedition; dont Je possede toutes les Cartes et Plans. Avec ces moyens Je me flatte de pourvoir faire executer plus dans une seule expedition par le Cap Horn que le Russes de Kamtschatka n'en feroient en vingt.

     Pour l'execution de cette entreprise Je ne demande de Sa Majesté qu'une avance de cent cinquante mille Roubles dont Je ferai bonâ fide constater l'employ. J'offre pour hypotheque les deux Vaisseaux et leurs cargaisons, dont la plus grande partie ainsy que le batiment d'exploitation, se trouvent actuellement prêts à Trieste: et Je m'engage, comme il est dit dans mon plan, de rembourser la somme que Sa Majesté m'aura fait avancer, à son ordre, sur l'heureux retour du plus grand Vaisseau dans un Port en Europe.

     Quand Votre Excellence será persuadée comme Je le suis, de l'utilité de ce Plan, Je me flatte de rencontre son approbation & son appuy. Et si Sa Majesté l'Emperatrice daigne aggreer mes propositions, Je prie Votre Altesse de vouloir bien me procurer sa gracieuse resolution assez à temps pour ne pas perdre la saison convenable pour l'expedition des Vaisseaux: laquelle avance à grands pas.

     Actuellement, Je me trouve dans ce port de Trieste pour y soigner l'expedition de mon Vaisseau nommé le Cobenzell, destiné pour les Indes Orientales et la Chine. En attendant si Votre Excellence voudroit m'honorer d'un mot de reponse, Je la supplie de vouloir bien me la faire parvenir sous l'enveloppe de Son Altesse Mr. Le Prince de Gallitz à Vienne .

J'ai l'honneur d'etre avec le dernier respect et veneration,
      De Votre Excellence
           Le tres humble et tres
                Obeissant Serviteur
                     Guillaume Bolts

Prince Dimitri Mikhailovich Gallitzin (1758-1782) , Russian Ambassador to Vienna.

Text courtesy of Robert King. English Translation by John Black.

Updated: June 4, 2018